PAGE D' ACCUEIL

LES ILLINOIS FRANÇAIS*

Les Français ont appelé ce territoire "Les Illinois" parce qu'il était peuplé par les Indiens illinis ou illiniouks (Illiniwek). Ces Indiens avaient peuplé le milieu de la vallée du Mississipi et vivaient de la chasse aux bisons. L'extinction de ce peuple est due d'une part à l'épidémie de variole apportée par l'expédition "de Soto" (1539) dans le sud et d'autre part à la Guerre des Castors en 1628. La guerre commença en fait sitôt que les premières fourrures furent échangées entre les Micmaques et des pêcheurs européens en 1519. Les Français établirent leur premier poste de commerce en Acadie en 1604. Les Indiens de langue algonquine: les Micmaques, les Algonquins, les Montagnais ont forcé les Iroquois du Saint-Laurent à abandonner le haut du Saint-Laurent. 

Quand les Français, assez tôt, firent du commerce sur le Saint-Laurent, les Algonquins et les Montagnais s'allièrent avec les Hurons et firent la guerre à la Ligue iroquoise pour contrôler le haut du fleuve.

Les Français innocemment décidèrent d'intervenir dans cette guerre et en 1609, rejoignirent les Algonquins dans une bataille près du lac Champlain et vainquirent les Agniers (Mohawk). Pendant deux ans, les Algonquins ont chassé les Iroquois du haut Saint-Laurent et les Français se sont fait un dangereux ennemi.

Les Iroquois après 1610, commencèrent à commercer avec les Hollandais le long du fleuve Mohican (Hudson) (État du New York). Leur rival dans ce commerce était la confédération mohicane concentrée dans la région d'Albany. Après une série de guerres, les Iroquois vainquirent les Mohicans en 1628 et devinrent le partenaire privilégié du commerce avec les Hollandais. A la même époque, pendant la guerre entre la Grande-Bretagne et la France, une flotte de corsaires britanniques (on pourrait dire des pirates) prit Québec en 1629 et coupa l'approvisionnement de marchandises aux Algonquins et aux autres clients des Français. Prenant avantage de cela, les Iroquois attaquèrent les Algonquins pour reprendre la vallée du Saint-Laurent faisant éclater la Guerre des Castors (1629-1701). Québec était revenu à la France en 1632 mais les Iroquois avaient chassé les Montagnais et les Algonquins du haut Saint-Laurent et menaçaient de couper la route commerciale menant à la vallée de la rivière Outaouais (Ottawa) et aux Grands Lacs. 

Pour rétablir le rapport de force en faveur de leurs alliés, les Français commencèrent à vendre des armes à feu et des munitions en nombre limité aux Hurons et aux Algonquins. Ces armes, aussi bien les hachettes en acier que les couteaux, furent bientôt répandus dans d'autres tribus. Les Hollandais ripostèrent en procurant des fusils aux Iroquois. Pendant ce temps, les Suédois le long du fleuve Delaware et les Britanniques en Nouvelle-Angleterre armèrent d'autres tribus. Une course à l'armement se développa dans laquelle les tribus procurant le plus de fourrures avaient un avantage militaire sur celles qui ne le faisaient pas. Les premières confrontations durant les années 1630 eurent lieu à l'est des Grands Lacs, principalement entre les Iroquois et les Hurons, mais les castors disparaissant de leurs territoires, ils commencèrent à chasser sur le territoire des autres tribus et la Guerre des Castors s'étendit à l'ouest.

On pourrait penser que les sept cents miles qui séparaient les Illinis vivant sur le bord du Mississipi mettraient ceux-ci à l'abri de ce conflit, mais ce ne fut pas le cas. Durant les dernières années 1630, les alliés des Français, équipés d'armes à feu et d'armes en acier se déplacèrent vers le Bas-Michigan pour prendre des territoires de chasse aux Renards1 (Fox), Sacs (Sauk), Mascoutins, Quicapoux (Kickapoo) et Poutéouatamis et durant la première partie des années 1640, ces tribus ont été obligées de se réfugier au bord du lac Michigan dans le Ouisconsin (Wisconsin). Les premiers groupes de réfugiés étaient peu nombreux et n'inquiétaient pas les Illinis. Toutefois, les Puants (Winnebago) ont attaqué au sud l'expansion des Odjiboueks à la Baye-Verte (Green Bay) pour les prévenir qu'ils ne voulaient pas des nouveaux venus. Quand le premier groupe de Poutéouatamis tenta de s'établir près de la Baye-Verte en 1641, les Puants les chassèrent vers le nord. Peu de temps après, ils attaquèrent les Renards qui étaient installés sur le bord ouest du lac Winnebago.

En route dans leurs canoës pour attaquer les Renards, les Puants furent pris dans une tempête et cinq cents de leurs guerriers furent noyés. Cette perte permit aux Renards de prendre le dessus et pour leur défense, les Puants se retirèrent dans le seul grand village fortifié à la Baye-Verte. Cependant, les réfugiés étaient trop nombreux et ils s'entassèrent dans le fort puant où les conditions furent favorable à une épidémie. Décimés et encerclés, les Puants furent incapables de récolter leur maïs et la famine les attendait. Les Illinis et les Puants étaient des ennemis de longue date dans le sud du Wisconsin, mais les Illinis eurent pitié de leurs vieux ennemis et peut-être espéraient-ils une alliance contre les tribus réfugiées qui envahissaient leur territoire. Les Illinis envoyèrent cinq cents guerriers avec beaucoup de nourriture aux assiégés.

Les Puants accueillirent leurs bienfaiteurs et firent une grande fête en leur honneur. Toutefois, le rappel des guerres précédentes était trop fort pour les Puants et au milieu de la fête, ils coupèrent les cordes des arcs de leurs invités puis les assassinèrent pour apaiser les esprits de leurs guerriers qui moururent dans les batailles contre les Illinis. Ensuite, les corps de ceux-ci prirent part à la fête. Les Illinis ne suspectèrent rien jusqu'à ce que ne voyant plus revenir leurs guerriers le printemps suivant, des guerriers furent envoyés à leur recherche. Ceux-ci découvrirent leurs os jonchant le sol du village abandonné. Anticipant leur réaction, les Puants s'installèrent sur une île au milieu du lac dans un fort. Leur défense était parfaite puisqu'il était impossible aux Illinis de transporter leurs lourds canoës sur le long parcours menant au Wisconsin pour les attaquer. Les Illinis toutefois, furent patient et attendirent que le lac ait gelé l'hiver suivant.

Une grande expédition de guerre fut organisée pour se venger, mais après avoir déferlé sur le lac gelé, ils découvrirent que les Puants avaient quitté l'île pour une campagne de chasse d'hiver. Après une poursuite de six jours, les Illinis rattrapèrent les Puants et les exterminèrent; quelques uns seulement réussirent à s'échapper et se réfugier chez les Ménominis. Les Illinis ramenèrent cent cinquante prisonniers, la plupart des femmes et des enfants à leurs villages comme esclaves et après plusieurs années de servitude, leur permirent de retourner chez leurs parents au Wisconsin. Moins de cinq cents Puants survécurent à l'extermination et ils ne purent résister aux flots de réfugiés qui envahissaient le Ouisconsin. Les Illinis ne purent résister non plus à ces invasions.

A l'est, les Iroquois vainquirent la confédération des Hurons en 1649 et s'attaquèrent à leurs alliés. Durant les deux années suivantes, ils écrasèrent les Pétuns (Wyandot), les Algonquins, les Neutres2 et après avoir grossi leurs rangs avec des milliers de captifs adoptés, ils signèrent la paix pour garder les Français neutres. En 1653, ils attaquèrent les Chats3 (Eriés) dans le nord de l'Ohio. Bien qu'ils manquaient d'armes à feu, les Chats se montrèrent un adversaire coriace et ils combattirent leurs ennemis avec courage mais furent écrasés en 1656. Pendant ce temps, leurs incursions dans le Bas-Michigan progressaient et les tribus restantes furent expulsées. Le flot de réfugiés continuait, devenant une invasion avec les Miamis poussés dans le nord des Illinois* et l'est de l'Iowa et des groupes de Chouanons (Shawnee) dans le centre de l'Illinois. A une époque incertaine, il apparaît que les Sioux dhegihas  (Osages, Quipas, Canzes, Omahas, Poncas) furent obligés d'abandonner leur habitat d'origine dans le Bas-Ohio et les bords de la rivière Ouabash pour s'installer à l'ouest du Mississipi. Les Omahas, les Poncas et les Canzes (Kansa) remontèrent la rivière Missouri, mais cela n'inquiétait pas les Illinis. Par contre, les très agressifs Osages installés dans le centre du Missouri, devinrent une sérieuse menace pour les Illinis à l'ouest du Mississipi. Les Quipas installés dans les Arkansas, pouvaient éventuellement forcer les Chépoussas et les Michigaméas à quitter la région.

En 1656, les Illinis menacés par les Iroquois malgré leurs victoires sur ceux-ci, s'établirent à l'ouest du Mississipi. L'extermination des Hurons en 1649 a laissé le commerce des fourrures français traîner et les quatre cents soldats français en Amérique du nord à l'époque n'étaient pas en situation de force face aux vingt-cinq milles Iroquois bien armés. Quand les Iroquois de l'ouest comprenant les Tsonnontouans (Seneca), les Cayougués et les Onontagués offrirent la paix aux Français en 1653,  ceux-ci acceptèrent et pour protéger ce fragile accord, interrompirent leur expansion vers les Grands Lacs. Toutefois, ils ne donnèrent pas le monopole du commerce aux Iroquois; ils continuèrent à encourager leurs anciens partenaires indigènes à fournir Montréal en fourrures ce qui irritait considérablement les Iroquois. Ils étaient aussi contrariés par la présence de pères Jésuites dans leurs villages s'occupant des Hurons convertis qu'ils avaient adopté. Les Iroquois tolérèrent cela jusqu'à la fin de leur guerre avec les Chats, puis essayèrent de venir à bout des missionnaires qui créaient de sérieuses divisions dans la Ligue iroquoise.

Après le meurtre d'un ambassadeur Jésuite en 1658, la guerre reprit entre les Français et les Iroquois le long du Saint-Laurent. Malgré cela, les Outaouais et les Pétuns collectaient des fourrures à la Baye-Verte et à Chéquamégon (Ashland, Wisconsin) parmi les autres tribus y compris les Illinis et utilisant de grandes flottes de canoës se frayant un passage devant les Iroquois sur la rivière Outaouais, les apportaient aux Français à Montréal. Incapable de les arrêter, les Iroquois allèrent à la source attaquant les tribus réfugiées du Wisconsin. Après avoir vécu pendant des années dans la peur, les Français décidèrent de sérieuses mesures pour commercer avec les Iroquois. Alarmé par la conquête de la Nouvelle-Hollande (Sud du New York et New Jersey) sur les Hollandais en 1664 par les Anglais, le roi de France prit le contrôle du Canada (une entreprise commerciale privée auparavant) et envoya un régiment de soldats réguliers à Québec. Leur première offensive contre les Iroquois échoua, mais les Français forts de cette expérience mirent bientôt les Iroquois sur la défensive et reprirent leurs expansion vers les Grands Lacs.

Les premiers Français furent des marchands de fourrures et des missionnaires, les deux voulant jouer un rôle important dans les relations avec les Illinis. En 1665, retournant vers l'ouest des Grands Lacs, quatre cents Outaouais et Hurons accompagnèrent le marchand de fourrures Nicolas Perrot, le Jésuite Claude-Jean Allouez et six autres Français. Ils arrivèrent à la Baye-Verte (Green Bay) en septembre et y passèrent l'hiver. Perrot resta à la Baye-Verte mais Allouez rechercha le contact avec les Pétuns et les Outaouais convertis par des Jésuites avant le désastre de 1649 et alla à leurs villages à Chéquamegon sur la rive sud du lac Supérieur. C'est ici que se fit la première rencontre pour troquer des fourrures entre des Européens et les Illinis.

Caouquins

En 1667, les attaques répétées des Français contre les Iroquois sur leur territoire les obligèrent à accepter la paix. Cet agrément fut aussi étendu aux alliés indigènes français et partenaires dans le commerce des fourrures y compris ceux des Grands Lacs. Ceci permit aux Illinis de retourner prudemment dans les Illinois. Quelques bandes restèrent à l'ouest du Mississipi mais les Kaskaquias et d'autres établirent leurs villages sur la rivière Illinois et les Négaouichis près de la Baye-Verte pour négocier avec les Français.

1. Les Renards appelés ainsi par erreur par les Français sont des Indiens du Wisconsin.(Mesquakies).

2. Les Neutres sont des Algonquiens qui n'ont pas voulu prendre parti dans les guerres entre Algonquins et Iroquois.

LES ILLINOIS FRANÇAIS 2ème PARTIE

PAGE D' ACCUEIL