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LE PREMIER ÉTABLISSEMENT FRANÇAIS

31 mars au 6 avril 1699. D'Iberville savait qu'il avait besoin de trouver un endroit surélevé près d'un chenal naturel. Il décida que cet endroit devrait être quelque part entre le fleuve Mississipi et la baie de Mobile. Il envoya une équipe pour sonder les eaux de la baie de Biloxi. L'équipe revint informant qu'il n'y avait pas de chenal et que l'eau était peu profonde. D'Iberville mena lui-même son équipe à ce qui est aujourd'hui la baie de St-Louis et Waveland pour reconnaître le terrain pour construire un fort

 

  et faire des sondages. Ceux-ci furent insatisfaisants et une bourrasque envoya bientôt le petit groupe vers la mer. La seule chose qui les sauva d'être soufflés vers les îles de la Chandeleur ou même vers le large était le fait que l'île du Chat (Cat island) les abrita soudainement du vent du nord-est et ils furent en mesure de retourner en ramant aux bateaux au mouillage à l'île des bateaux. Ils atteignirent les navires à dix heures du soir épuisés. Le lendemain, d'Iberville décida de sonder le fleuve Pascagoula pour voir s'il était possible de construire le fort par là. Il trouva les eaux trop peu profondes et les récifs d'huîtres mettraient les vaisseaux en danger. En allant vers l'ouest, dans la baie de Biloxi, il sonda lui-même à cet endroit. A sa grande joie, il découvrit un petit chenal de sept pieds de fond qui lui permit d'apporter son matériel dans des barques, ceci à Ocean Spring aujourd'hui à l'est de la baie de Biloxi. 

7 avril au 4 mai. Le poste appelé Fort Maurepas (dans son journal, Fort Billocchy) fut établi. L'endroit fut défriché, des habitations furent construite, les équipages et tout le monde en garnison au fort étaient tous occupés. Des tranchées furent creusées, des palissades et des bastions furent érigés. Six canons furent amenés du "Marin" dans le fort. On fit un jardin de légumes et le bétail fut amené. Le 22 avril, cinq Espagnols déserteurs arrivèrent de Pensacola allant en Nouvelle-Espagne à pied. Le Français les interrogea sur les desseins de l'Espagne dans la région. Les Espagnols coopérèrent et d'Iberville souhaita que le poste soit opérationnel assez longtemps pour lui permettre de retourner en France à bord du "Badine" pour faire un rapport triomphant au ministre Pontchartrain et au roi lui-même. Avant de partir, il nomma Sieur de Sauvole, un de ses lieutenants comme commandant et son frère Bienville comme commandant en second... Son journal: je laisse en tout soixante-dix hommes et six mousses incluant les équipages de bateaux de pêche. 

A son retour à Paris, d'Iberville fut le premier Canadien à recevoir la croix de l'ordre de Saint-Louis et devint un héros. Il avait amené un garçon indien avec lui, que lui avaient confié les Bayogoulas pour qu'il apprenne le Français.

En octobre 1699, d'Iberville retourna sur le bateau "Renommée" accompagné d'un autre vaisseau, le "Gironde", au mouillage de la baie de Biloxi. Il débarqua du matériel et des provisions au poste français. Il apprit par Monsieur de Sauvole que quatre hommes étaient morts pour une raison ou une autre. Une nouvelle passionnante lui fut rapportée: explorant le fleuve Mississipi en canoë, Bienville rencontra une corvette anglaise avec dix canons qui avait remonté l'embouchure du fleuve. Bienville avertit le capitaine du vaisseau qu'il pénétrait illégalement sur un territoire français et s'il ne rebroussait pas chemin de bonne volonté, la force serait utilisée. Bienville avait connu ce capitaine anglais (Lewis Banks) lorsqu'il le fit prisonnier dans une bataille qui les avait opposé dans la baie d'Hudson. Le capitaine se conforma à la sommation. (le lieu de cet évènement est aujourd'hui appelé "English turn"(le demi-tour anglais); il est situé environ à 15 ou 20 miles au sud de la Nouvelle-Orléans). 

Satisfait du progrès réalisé au poste de Biloxi, d'Iberville commença à construire un second fort qui fut nommé "Fort Mississipi". Le lieu choisi fut le bout de terre au sud de ce qui est aujourd'hui la Nouvelle-Orléans, sur la rive gauche du fleuve. Il reprend les relations avec les Indiens le long du fleuve. Un évènement malheureux arriva avec le jeune garçon indien qui l'avait accompagné en France. Le garçon mourut d'une maladie de la gorge à son retour; il n'eut pas la chance de servir d'interprète et de parler avec son peuple.

D'Iberville continua d'explorer les régions au nord du Mississipi et remonta le fleuve jusqu'à la tribu des Natchez. Il donna à son frère la rude tâche d'explorer les régions de l'ouest, lui-même ne pouvant le faire à cause des douleurs qu'il avait aux genoux. Le journal de Bienville concernant cette mission est intéressant et on ne peut imaginer comment ce groupe de vingt-six Canadiens, six Indiens taensas et un guide indien ouachita firent ce difficile trek dans le bassin de la rivière Rouge qui comprend aujourd'hui les régions de New Iberia, Lafayette et Morgan City. La contrée est très humide, marécageuse; c'est le pays des "bayous".

"Je me mis en route le matin, laissant au camp deux hommes malades et un de leur compagnon pour prendre soin d'eux. A une demie lieue de mon camp, je tombai sur une rivière de trente-cinq verges de large. Le guide indien nous laissa croire que plus loin en amont de cette rivière, il y avait un village coroa. Nous traversâmes la rivière sur un radeau. A deux lieues de cette rivière, nous en trouvâmes une autre de vingt-cinq verges de large que nous traversâmes aussi. Quand nous ne trouvions pas de bois qui flottait suffisamment, nous faisions de petits cajeux ou des radeaux sur lesquels nous mettions nos bagages et nous traversions en nageant, poussant le cajeu vers l'autre rive après avoir fait feu à plusieurs reprises avec nos mousquets sur les crocodiles pour qu'ils restent loin de nous, de peur qu'ils nous attaquent dans la rivière. Nous avons trouvé l'eau de la rivière très froide. A une lieue de cette rivière, nous trouvâmes un marécage d'une demie lieue de large que nous traversâmes dans la même direction que la rivière. L'eau était très froide..."

Bienville explora la région et récolta des informations sur les tribus d'Indiens des environs et apprit que les Espagnols étaient présents vers ce qui est aujourd'hui le Texas. Il apprit également par les Indiens que des Noirs qui s'étaient révoltés et avaient déserté les Espagnols dans l'est du Texas s'étaient établis dans la région. Le 12 avril, après beaucoup d'épreuves, Bienville prit la décision de mettre fin au voyage et de retourner aux bateaux.

D'Iberville découvrit que le commandant du poste espagnol de Pensacola avait mit le cap sur Biloxi avec un bateau de vingt-quatre canons et cent quarante hommes, une bélandre avec six canons et quarante hommes et une longue chaloupe avec six fusils orientables et vingt hommes avec l'intention de repousser les Français et de détruire le poste. L'installation des Français pouvant être le fait d'une société privée était le prétexte de l'opération espagnole. Pourtant, voyant deux des bateaux royaux français mouillés à l'île des bateaux, les Espagnols réalisèrent que l'installation coloniale était celle de la Couronne de France; par conséquent, le commandant espagnol ne fit rien, obéissant aux ordres reçus. Il écrivit cependant une injonction demandant que cesse toute expansion jusqu'à ce que le roi d'Espagne soit informé, ajoutant que le territoire appartenait à l'Espagne et était sous la juridiction du vice-roi du Mexique.

Naviguant fièrement, un désastre se produisit, le navire principal de la mission espagnole fit naufrage sur l'île de la Chandeleur, le bateau et son chargement furent totalement perdus. Les Espagnols se rendirent aux bateaux des Français qui les reçurent généreusement et ils s'arrangèrent pour transporter le commandant embarrassé et ses hommes à Pensacola. Ceci donna une chance aux Français d'espionner le poste espagnol.

"Le commandant espagnol se rendit à Pensacola avec tous ses hommes dans la felouque, le biscaïen, sa bélandre et sa chaloupe. Dans ce fort, ils n'étaient pas plus de deux cent cinquante hommes, quarante à cinquante d'entre eux étant détenus. Plusieurs avaient déserté après que le commandant soit parti. Ils manquaient de provisions et semblaient sans ressources. Ce naufrage ne nous a pas enrichi, il nous a fallu aider ces gentilshommes espagnols en leur donnant des vêtements et autres choses car ils avaient tout perdu."

D'Iberville reprend l'exploration du territoire de ce qui est aujourd'hui Pascagoula pour étudier les possibilités de la région. Il remonta le fleuve Pascagoula et alla au village des Indiens biloxis et là, nous pouvions voir la façon horrible avec laquelle l'homme blanc a dévasté avec ses maladies les tribus indiennes de la Nouvelle-Angleterre et le Sud.

"Je remontais le fleuve Pascagoula pendant environ quatre lieues et demie et atteignis le village des Biloxis. Ce village a été déserté, cette nation ayant été détruite par des maladies. Les Indiens rapportent que cette nation avait été très nombreuse. Il m'apparaissait qu'il n'y avait pas plus de trente à quarante cases, de forme rectangulaire avec un toit fait d'écorce d'arbre, que nous habitâmes."

De retour vers la France en septembre 1700, d'Iberville est encore envoyé en mission pour retourner sur le Renommée avec l'ordre d'établir ou de transporter le fort de Biloxi à ce qui est aujourd'hui Mobile en Alabama (Fort Louis de la Louisiane). En décembre 1701, il gagne l'Amérique, emmenant avec lui quatre familles de colons.

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