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LES CHICACHAS OU TÊTES-PLATES 3ème PARTIE

Les Français endurèrent les pertes de leurs alliés du nord et la défection des Chactas et la fermeture du fleuve Mississipi fut la goutte qui fait déborder le vase. La décision fut prise de détruire les Chicachas de la même manière que les Renards et les Natchez et pour ce faire, deux armées séparées furent assemblées en 1736 pour accomplir une attaque coordonnée sur le territoire chicacha. Au commencement de la guerre, la force du nord commandée par le major Pierre d'Artaguette venant de Fort de Chartres des Illinois. A côté de trente Français réguliers, il y avait cent miliciens et presque trois cents guerriers illinis, ouaihas et piancachas commandés par le chef illini Chicagou et François de La Valterie, Sieur de Vincennes, le commandant du Fort de Vincennes sur la rivière Ouabash. 

Pendant ce temps, un vieil antagoniste des Têtes-Plates, Bienville commandait la seconde armée de six cents Français et mille guerriers fidèles chactas qui remonta la rivière Tombecbé depuis Mobile et attaqua les Chicachas par le sud.

Le plan original pour les deux armées de commencer leur attaque simultanément la ville principale chicacha d'Ackia à la fin de mars (Tupelo, Mississipi). D'Artaguette quitta Fort de Chartres fin février. Cependant, Bienville fut retardé jusqu'à la première semaine d'avril par d'inhabituelles pluies diluviennes et la lenteur des alliés chactas. Malheureusement, d'Artaguette ne fut pas informé de ce retard à cause du blocus du Mississipi par les Chicachas. Après une rapide descente du Mississipi, la force du nord arrivait au promontoire de Chicasaw Bluffs (près de Memphis) au début mars et construisirent un petit fort provisoire et attendirent là des nouvelles de Bienville. Personne ne venant, après trois semaines, la nourriture venant à manquer, d'Artaguette dut faire le choix d'attaquer ou de rebrousser chemin vers l'Illinois. Après avoir consulté ses alliés, d'Artaguette choisit d'attaquer. Laissant vingt-cinq hommes en garnison au fort, il alla au sud-est vers les villages chicachas progressant lentement à cause des canons qu'il fallait traîner dans la boue.

Bien sûr, les Chicachas avaient remarqué la présence des Français au promontoire et les attendaient dans leurs forts. D'Artaguette n'était pas fou et avec sa petite force choisit d'attaquer Chocolissa, une des plus petites villes chicachas le 25 mars. Cependant, elle était bien fortifiée et après le premier assaut manqué, les Français et leurs alliés furent coincés par des feux croisés. Au milieu de cela, quatre cents guerriers chicachas arrivèrent d'une ville voisine et les attaquèrent sur leur flanc. Les Illinis, les Ouaihas et les Piancachas dirent qu'il n'y avait pas d'issue et se replièrent laissant les Français se défendre seuls. Quarante Français suivirent leur exemple mais dans l'ordre et s'échappèrent en suivant l'improbable direction indiquée par un garçon de seize ans Michel Voison. Dix-sept Français furent capturés, parmi ceux-ci, d'Artaguette, Vincennes et le père Antoine Sénat qui était resté pour soigner les blessés. Les Chicachas les traitèrent bien au début, peut-être espéraient-ils avoir des chevaux en échange de leurs prisonniers. Ensuite, quand ils apprirent qu'une seconde armée arrivait, leur bienveillance cessa.

Les Chicachas brûlèrent vifs d'Artaguette et les autres. Ils se préparèrent à affronter le nouvel assaut venant de la direction opposée. Bienville avait quitté Mobile le 2 avril ne sachant pas ce qu'il était advenu à d'Artaguette. Les nouvelles du désastre lui parvinrent pendant qu'il était en route et le 20 avril, il s'arrêta à la frontière du territoire des Chactas (vingt miles en-dessous de l'endroit où Noxubee Creek rejoint la rivière Tombecbé) et construisit le Fort Tombecbé comme base arrière. Les stratèges chactas n'étaient pas d'accord avec les officiers français sur la méthode à employer. Les Chactas voulaient attaquer les trois principales villes chicachas tandis que les Français étaient déterminés à attaquer celle où se trouvaient les réfugiés natchez. Ils se mirent d'accord pour attaquer d'abord Ackia. Devant se déplacer sur un même terrain boueux que d'Artaguette, l'armée de Bienville n'arriva pas avant fin mai. Ensuite avec l'aide des marchands britanniques, les Chicachas fortifièrent toutes les maisons d'Ackia. Ils avaient en outre la poudre et le matériel pris aux Français ainsi que les plans de bataille, mais les forces de Bienville étaient plus nombreuses que les quatre cent cinquante Chicachas et cent cinquante Natchez qui défendaient Ackia. 

Depuis que les femmes et les enfants étaient présents, les Chicachas envoyèrent une délégation pour voir s'il était possible de faire une trêve, mais les Chactas tuèrent ses membres. Après cela, il n'y eut plus de retour possible. Un bombardement ouvrit une brèche dans les murs et les soldats réguliers français revêtant de lourds sacs de laine sur le haut de leur corps pour se protéger des balles de mousquet prirent d'assaut les maisons fortifiées utilisant des grenades. Les défenseurs les prenaient dans des feux croisés visant les jambes et les grenades tuèrent plus de Français que de Chicachas ce jour-là. Les tireurs d'élite chicachas touchèrent un nombre important d'officiers français, ceci aggrava la confusion durant la déroute qui s'ensuivit. Les Français commencèrent une lente retraite et puis se sauvèrent. A côté des centaines de blessés, ils laissèrent soixante-dix morts sur le champ de bataille et quelques uns sur la route du retour à (au*) Fort Tombecbé. Les Chactas perdirent probablement environ cent hommes et le nombre aurait été plus élevé si les Chicachas les avaient poursuivi. 

Ceci fut la pire défaite que les Français n'avait jamais expérimenté contre les indigènes américains. Pendant que les raids continuaient entre les Chicachas et les alliés des Français, ceux-ci réfléchissaient comment se venger de l'affront infligé à leur honneur militaire. Sept cents soldats réguliers débarquèrent en Louisiane avec mission de détruire les Chicachas. En 1739, Bienville était prêt à essayer encore, cette fois avec une armée presque deux fois plus importante qu'en 1736. Comme avant, il y avait un groupe de quarante réguliers et cent cinquante guerriers illiniouks de Fort de Chartres commandés par Alphonse de La Buissonnière qui avait succédé à d'Artaguette comme commandant des Illinois. Cette fois, ils remontèrent le Mississipi depuis la Nouvelle-Orléans jusqu'au promontoire de Chicasaw Bluffs. Là, ils débarquèrent et construisirent Fort Assomption le 15 août mais soudainement la pluie vint en aide aux Chicachas plus facilement que leurs guerriers. L'armée de Bienville fut stoppée par la boue et les inondations résultant d'une pluie torrentielle inhabituelle en cette période de l'année. La maladie, régnant dans les camps, réduisait les rangs français . 

Enfin, Pierre de Céleron avec six cents hommes de troupe canadiens et des indigènes alliés pour capturer des otages dans une ville chicacha fut la seule tentative avortée de l'armée de Bienville. Les Chactas étaient les moins enthousiastes dans ce conflit. Après avoir flirté avec les marchands britanniques pendant des années, "Chaussures rouges" un chef important, avait négocié une paix séparée avec les Chicachas. Celle-ci avait été acceptée par la plupart des Chactas de l'est. On avait donné des présents somptueux aux Chactas de l'ouest pour prévenir les défections et maintenant que l'expédition de Bienville était embourbée, il y avait un danger grave que les Chactas, les plus importants alliés veuillent rejoindre les Britanniques. En février, une délégation chicacha arriva à (au*) Fort Assomption pour faire la paix et Bienville signa un agrément où la seule concession chicacha était le rétablissement du trafic français sur le Mississipi. Après son second échec de vaincre les Chicachas, Bienville abandonna Fort Assomption et retourna à la Nouvelle-Orléans déshonoré.

Il fut remplacé par le marquis de Vaudreuil. Les Chicachas avaient infligé trois défaites successives aux Français, mais cela leur avait coûté les trois-quart de leur population et ils ne voulaient plus de ces "victoires". Espérant qu'après le départ de Bienville, la paix s'installerait durablement avec les Français, ils envoyèrent une délégation visiter de Vaudreuil en août 1743 demandant la paix.

La réponse de Vaudreuil fut la même, les Chicachas devaient renoncer au commerce avec les Britanniques et accepter l'autorité du "père" français et que la paix devait avoir aussi le consentement des Chactas. Malheureusement les Chactas, à cette époque, étaient brutalement divisés en pro-français et pro-britanniques et ne voulurent rien accepter. Ainsi, rien ne vint de l'initiative de paix chicacha et les Français continuaient de payer les Chactas pour chaque scalp de Chicacha rapporté ou esclave capturé.

La guerre entre la Grande-Bretagne et la France (1744-48) éclata. Un blocus naval britannique coupa l'approvisionnement du commerce français et affaiblit leur contrôle sur leurs alliés indigènes. Les raids des alliés français au nord de l'Ohio diminuèrent et les Chicachas prirent avantage de cela en 1745, rejoignant les Chéraquis et chassant les derniers groupes de Chouanons (Shawnee) dans les territoires disputés du Cumberland Basin. Une guerre civile éclata parmi les Chactas en 1747 et se termina en 1750 avec l'assassinat du chef "Chaussures Rouges". Les pro-français prirent le contrôle de nouveau et reprirent leur guerre contre les Chicachas mais l'alliance chéraqui-chicacha infligea une sérieuse défaite aux Chactas en 1750. Les raids reprirent et en 1752, de Vaudreuil envoya une armée de sept cents réguliers avec un grand nombre d'alliés indigènes vers la Tombecbé pour combattre les Chicachas. Incapable de faire sortir les Têtes-Plates de leurs forts, les Français encore une fois, furent obligés d'abandonner leurs efforts et battre en retraite.

La chute de Québec survint en 1759, la guerre avec les Britanniques ne prit fin qu'en 1763 avec le traité de Fontainebleau (voir: LES TRAITÉS DE PARIS). La France perdait tous ses territoires en Amérique du nord et elle devait quitter la Louisiane mais un accord secret de dernière minute empêchait l'ouest du Mississipi d'aller à la Grande-Bretagne; les territoires étaient confiés à l'Espagne.

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